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Je consacre une page à la propolis car nous avons-là un produit aux très nombreuses propriétés médicinales, souvent méconnues et dont la récolte, qui ne nécessite aucune connaissance particulière, est très facile (toutes les ruches en produisent).
Cette substance, tout à fait étonnante, qui tapisse la ruche pour la protéger des microbes et des bactéries, est le fruit de la récolte des abeilles. Les reines de l’écologie mastiquent cette résine en la dopant de leurs enzymes salivaires !
Cela donne un redoutable produit doté d’une grande complexité moléculaire dont les capacités thérapeutiques sont aujourd’hui scrutées à la loupe par les scientifiques :
La propolis, en effet, est antibactérienne, antivirale, anti-inflammatoire, aux vertus antiseptiques, anesthésiques, anti-infectieuses, antioxydantes (amélioration de la peau) et antibiotiques.
Le mot de propolis vient du grec "pro polis", qui signifie "devant la cité".
Les abeilles ne construisant pas de nid, c'est dans le creu des troncs des vieux arbres, que, de tout temps et par prédilection, les colonies se sont installées. Ce n'est que très récemment et depuis l'activité humaine, que leur choix peut se porter sur le trou d'une vieille muraille, dans une cheminée...
Ces cavités naturelles ayant des entrées plus ou moins grandes, les abeilles, pour se protéger plus facilement des intrus, en réduisent l'accès en déposant de la propolis.
C'est à partir de leurs sécrétions et de substances résineuses, gommeuses et balsamiques recueillies sur certaines parties de végétaux, que les abeilles élaborent ce produit aux mille vertus. Les principales essences, à partir desquelles la propolis sera fabriquée, sont les conifères (écorce des pins, sapins, épicéas) et les bourgeons de plusieurs espèces d'aulnes, de saules, de bouleaux, de prunier, de frênes, de chênes, d'ormes et de peupliers (qui semblent être la source la plus importante).
L'ouvrière transporte cette résine dans les corbeilles de ses pattes arrières (de la même façon que le pollen). Ces pelotes sont d'une couleur allant du jaune-clair au vert-brun. Celles-ci ne sont pas stockées dans les alvéoles mais utilisées aussitôt par les maçonnes. Ces dernières les modifient en partie, par l’apport de leurs propres sécrétions (cire et sécrétions salivaires principalement), et l'appliquent selon les besoins.
Plus l'endroit est chaud, plus le pourcentage de cire est important, la propolis étant visqueuse et collante aux alentours de 20°C et devenant dure et cassante avec le froid ou le vieillissement. on retrouve une propolis plus concentrée au niveau du trou d'envol et sur la tête des cadres.
Dans la ruche, la propolis a deux utilisations pour les abeilles :
C’est un mortier qui sert au colmatage des fissures ou interstices, à l'étanchéité contre l'humidité et le développement des moisissures, au renforcement de rayons ou parties défectueuses de la ruche et à la protection de la colonie par la réduction de l'entrée de la ruche.
C’est également un antibiotique extraordinaire, un fongicide et microbicide puissant. C'est un vernis aseptisant déposé en fine couche à l’intérieur des cellules avant la ponte de la reine, sur les opercules des cellules de miel (Le miel en brèche ou gateau de miel est riche en propolis), ou pour lisser les parois intérieures de la ruche. Elle sert aussi à momifier les animaux intrus morts (souris par exemple), trop gros pour être évacués par les abeilles, évitant ainsi leur décomposition.
La propolis est partout !
La ruche est toujours à une température tiède (dans le nid à couvain il y fait une température assez constante de 35°). De plus, l'hygrométrie
est toujours importante.
De fait, toutes les conditions sont remplies pour que la ruche soit "un nid à microbes" ; les abeilles allant se promener partout à 3 km autour de la ruche y ramènent de multiples agents infectieux.
Or, dans une ruche qui abrite une colonie saine, le milieu et l'atmosphère y sont si purs qu'aucun micro organisme ne peut s'y développer.
Cela est dû à la présence de propolis.
La propolis a également des qualités anesthésiantes.
Les soldats romains possédaient dans leur "paquetage" un morceau de propolis. Lorsqu'ils étaient blessés, ils enfonçaient dans leur blessure un morceau de propolis qui d'une part attenuait leur douleur et d'autre part, évitait que la plaie ne s'envenime.
La propolis recueillie dans la ruche est constituée globalement de :
- résines et baumes, 50 à 55 %
- cire, 30 à 40 %
- huiles essentielles, 5 à 10 %
- pollen, 5 %
- matières diverses, 5 %
La propolis contient également beaucoup d’autres éléments comme des flavonoïdes, des acides organiques, des oligo-éléments, de nombreuses vitamines.
Il existe différentes variétés de propolis et la composition de la propolis est extrêmement variable et complexe. Plus de 300 composants différents ont été identifiés. La propolis la plus puissante est celle qui est récoltée librement par les abeilles dans un environnement préservé.
Sa couleur varie beaucoup en fonction du type d'environnement dans lequel est installée la ruche et va du jaune clair au brun foncé.
Son utilisation
La propolis pure et brute est récoltée directement dans les ruches, sur les cadres.
Sous sa forme brute, la propolis se présente sous la forme de morceaux de taille irrégulière (propolis de grattage) ou plus réguliers (propolis de grille).
Sa saveur âcre et amère est légèrement épicée. Elle peut être consommée directement, telle quelle, à mâcher en très faible quantité (l'équivalent de 2 à 4 grains de riz). De par sa composition, la propolis aura tendance à colorer de jaune la cavité buccale.
Elle peut être diluée dans une infusion ou mieux dans un grog (c'est la forme que je préfère). Sous cette utilisation, faire fondre quelques grains de propolis dans un peu de rhum très chaud à brûlant, y rajouter de l'eau chaude (ou mieux une infusion chaude de thym), un peu de citron et sucrer avec une cuillère de miel.
Teinture mère de propolis
Une autre utilisation consiste à élaborer une teinture-mère. Faire macérer 40 grammes de propolis en poudre dans 70 ml d'alcool à 70° non dénaturé (idéalement à 95°). Placer cette macération une trentaine de jours à l'abri de la lumière, en la remuant régulièrement.
On obtient, après filtration et dédoublement pour abaisser le dégré d'alcool à 45°, une teinture mère d'environ 20% de propolis.